Le collectif Stop Alibaba & Co prend acte de la décision intervenue samedi soir concernant le renouvellement du permis d’exploitation de l’aéroport de Liège. C’est avec colère et déception que nous en avons découvert le contenu. Si quelques efforts ont été consentis sur le bruit pendant la nuit, l’environnement et la santé sont largement délaissés. Selon les premières informations, le nombre de vols pourra encore progresser jusqu’à 55000 mouvements par an, une augmentation de 40% par rapport à 2021 – une année record. Et encore, la limite ne concerne que les avions de plus de 34t, alors même que FedEx, par exemple, vient d’en acquérir 30 qui passent sous cette limite.
Pour nous, il s’agit clairement d’une occasion manquée. Alors que tous les signaux climatiques et environnementaux sont au rouge, il est tout simplement irresponsable d’autoriser encore le développement d’une infrastructure dont le fonctionnement actuel annule déjà tous les efforts de réduction des GES à l’échelle de la Wallonie. Quelle crédibilité et quelle légitimité auront encore les politiques climatiques wallonnes dans ce contexte ?
Les discussions sur le nouveau permis auraient également pu être l’occasion d’anticiper – pour une fois – le déclin inévitable d’une activité sur laquelle vont de toute façon peser des contraintes de plus en plus importantes (ex : taxation du kérozène, inclusion des émissions de l’aérien dans les cibles de l’accord de Paris, etc.). Malheureusement, le gouvernement wallon a plutôt choisi la politique de l’autruche et la fuite en avant, à rebours des ambitions affichées par son Ministre-président de faire de la Wallonie une « région pionnière et avant-gardiste qui montre la voie » en matière de développement durable. Une décision dont nous finirons tous et toutes par payer, encore une fois, le prix fort, à court ou moyen terme.
Certes, le principe même d’une limitation des vols et d’une interdiction progressive des avions les plus bruyants la nuit constitue indéniablement une avancée par rapport à des décennies de soutien inconditionnel au développement sans limite de l’aéroport. Certains – notamment chez ECOLO – y verront d’ailleurs un compromis acceptable, surtout au vu des pressions considérables qui se sont exercées dans ce dossier de la part de l’aéroport et de ses (nombreux) soutiens politiques, du MR au PTB en passant par le PS.
Malheureusement, en ce qui nous concerne, c’est plutôt la preuve que nous sommes encore très loin d’avoir pris la mesure de la gravité de la situation actuelle et des mesures (autrement plus drastiques) qui devraient s’imposer pour y faire face. Il n’y a pas de « compromis » possible avec les limites planétaires. Il serait temps de l’intégrer et d’arrêter de présenter comme des « pragmatiques » ceux qui s’entêtent à nier l’évidence. Dans ce contexte, on peut d’ailleurs regretter le choix de Mme Tellier de ne pas s’en être tenue à la première version du permis qui était (un peu) plus contraignante pour l’aéroport.
Quoiqu’il en soit, nous l’avons toujours dit, notre lutte ne s’arrête évidemment pas à cette décision sur le permis. Au contraire, nos dirigeants nous ont encore prouvé qu’ils sont incapables de se montrer à la hauteur des enjeux de notre époque. C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire de prendre notre propre sort en main, et de tout faire pour éviter la catastrophe dans laquelle ils s’obstinent à vouloir nous enfermer.